Louannec
Louannec, prés de Perros-Guirec
Je vois l'odeur intérieure à l'espace si iodé,
le rocher sculpté, scellé à la jetée,
mon pied s'y poser et errer.
La mer m'apprend le bord et l'horizon,
lui-même en elle-même, elle-même en lui-même.
Je la vois.
Elle donne le mouvement du moment.
Elle tonne les battements du temps.
Elle sonne l'avènement du vent.
Je vois le vainqueur des vagues du cœur
armer les lames de fond de l'âme.
Je la vois se hisser
et se laisser glisser sur le rocher,
sculpté de l'intérieur.
Il l'envoie longer le large, marier la marée, piétiner l'horizon.
L'enfant de mer crève le voile, creusé d'étoiles.
Il chausse les bateaux qui se dévoilent.
A l'heure du leurre intérieur,
il marche sur l'eau, un voilier à chaque pied.
Il équilibre les vagues.
Il nage dans le sable, un grain dans chaque main.
Il équilibre le vent.
Je vois l'instant figer le reste du temps,
fixer les restes du temps.
Je vois le temps noyer l'eau.
Je vois la voie lactée s'immoler
et cacher ses cendres et les sceller au temps, en un instant.
Je me vois revenir voir l'éternité sombrer dans les eaux et s'égrener
et s'égrener.
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