Demande en mariage
Je suis aussi cela depuis que nous nous sommes envoilés avec nos bras
sur le remblai.
J’ai hissé au mât l’étoile de l’imaginaire et du réel.
« Aimer » serait-ce se marier au vent ?
Je t’aime.
Je désire que nous nous mariions au temps qui passe en nous mariant à Nous.
Du pied des montagnes au pied des vagues même à marée basse,
nous occuperons l’espace pour investir la vie comme des marins
qui partent en mer en laissant leur âme au port.
Une façon de nous nouer l’un à l’autre sans s’encorder !
Je veux que tu deviennes ma femme à jamais.
Je veux que tu t’embarques dans cette galère. N’avons-nous pas encore à «ramer»
chacun de notre côté ? La mer recouvrait les montagnes.
Les montagnes ont chassé la mer.
Les millénaires nous ont séparés. Je désire te retrouver dans l’espace
et dans le temps,
là où nous devons vivre et mourir pour un millier d’années.
Je t’aimerai, mal, bien, au gré des vagues, au gré des chemins.
Je veux atteindre les sommets du bonheur aux sommets des vagues
et des montagnes.
Je veux partir et revenir comme la mer. Je te veux sans te prendre.
Je veux me marier à Nous ainsi
parce que nous sommes comme ça tous les deux.
Je pense aujourd'hui que vivre sous le même « Toi »
est un crime contre l’humanité du« Moi. » Mon toit, c’est le ciel.
Je veux que nous continuions ensemble ce voyage
en conquérant tout l’espace nécessaire,
en cherchant en même temps le plus petit endroit
où nous pourrons nous tenir tous les deux,
le plus petit endroit où pousse le désir d’être l’un à l’autre,
le plus petit endroit où deux signifie un, le temps de compter l’un sur l’autre,
le temps de se conter l’un à l’autre, le temps de compter sur ses doigts.
Je dois te dire tout cela parce que je n’y suis pas obligé.
Je suis ton obligé parce je suis libre. Je suis libre parce que je veux me lier à toi.
Je t’aime et je ne t’aime pas.
Je veux vivre avec toi sous le toit de la vie que nous aimons vivre.
Je veux être avec toi pour le plaisir d’être avec ou sans toi.
Je veux être moi avec toi.
Je veux vivre en mourant en toi. Je veux mourir en vivant en toi.
Je veux tenir les vagues dans mes mains.
Je veux hisser les montagnes un peu plus haut.
Je veux continuer mon chemin en marchant sur l’eau,
en posant un pied tel un géant sur chaque sommet.
La vie est un conte de fée même pour les sorcières qui tentent
de balayer l’espace sans avoir l’air. Ève et la Belle ont croqué la pomme.
Je crois en celle qui prend son destin à pleines mains, à pleines dents
même si le fruit est empoisonné, une façon de mieux se réveiller.
Je veux que nous nous mariions ni devant un dieu,
ni devant un maître, uniquement devant la mer et les montagnes.
Ce n’est pas un avis de tempête, ce n’est pas une avalanche,
c’est la vie qui s’unit à elle-même en passant par Nous.
Je suis heureux de t’aimer ainsi !
Je pense à toi malgré Nous, grâce à Nous.