Sophie Marie

 

L’aube lisse le silence.

La rosée devient vie,

effleurant fébrilement, déliant délicatement les plis de la nuit.

Le ciel luit en elle. Les senteurs de l’éveil s’y marient.

Un souffle d’air découvre un corps.

La chair, vêtue d’un tissu bariolé, habille l’herbe vierge et nue de la berge.

Les yeux, encore illuminés, irisent un voile de lune, couleur cierge.

L’ombre des cheveux s’éfaufile au fil de l’eau en longueurs d’oubli :

Étuis du désir.


 

L’instant empiète un peu sur le temps.

Un témoin du matin essaie de saisir ce qu’il voit pour donner vie à un tableau.

Forgés là, sur fond blanc, deux battants d’une grille :

La nuit s'écarte.

Le pinceau aux formes d’alto égrène quatre dièses : Sophie Marie

Mariée du lac,

enrobée de dentelle,

gonflées de jupons superposés,

imprimés d’eau et d’algues.

d’odeurs de menthe, de mélisse et de thym,

de fleurs de lune, de lueurs d’étain.

De l’écran blanc, jaillit un jet de lumière qui polit sa peau d’enfant.

Non loin de la Dame au visage éteint.

Sophie Mariefroisse calmement un mot en la voyant.

L’eau tisse, de clapotis en clapotis, les heures naissantes.

 

Le ciel empiète un peut sur les couleurs.