La fécondité de la terre
L'école de l'écologie tient à faire connaître le contenu de ce livre, prêté par une agricultrice qui a expérimenté l'agriculture biodynamique et, surtout, qui a vécu et vit le lien permanent avec la nature et sa substantifique moelle, la conscience :
Extrait du livre de Monsieur Ehrenfried PFEIFFER (1897-1961)
« FÉCONDITÉ DE LA TERRE » - La rétablir – La maintenir - 1937
édition de 1975 par « TRIADES » 4, rue de la Grande-Chaumière 75006 PARIS
« Dans tout phénomène de vie, on peut déceler trois lois essentielles :
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La vie, à condition de trouver des conditions satisfaisantes, veut toujours croître et se multiplier.
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Il existe une tension interne entre la vie et la mort, l'édification et la déconstruction. La vie enferme la mort et l'une conditionne l'autre, comme Goethe l'a dit avec beauté dans son poème « La nature» : « La vie est sa plus belle invention, et la mort est son artifice pour avoir beaucoup de vie »
On appelle souvent cet état de tension un «équilibre». Mais ce n'est pas l'équilibre stable et rigide de la mécanique ; c'est un état extrêmement actif et labile. On devrait plutôt l'appeler, au sens d'Hippocrate et d'Héraclite : « eukrasia », - bon mélange. C'est donc un devenir actif dont la résultante est précisément «la vie». Tous les facteurs qui participent à un phénomène vivant sont en équilibre entre eux, - non seulement les forces internes de l'être individuel, mais encore toutes les influences du monde environnant. Celles-ci sont de grande envergure. Quand la bonne harmonie est rompue, cela se traduit par un décalage permanent de toutes les conditions de la vie.
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Une troisième loi fondamentale pourrait être formulée comme suit : le tout n'est pas uniquement la somme des parties ; il est une unité supérieure, harmonisante, un « organisme ». Il fait monter l'être du niveau anorganique (physico-chimique) au niveau de la vie. Énoncée pour la première fois, d'une manière consciente, par Goethe, cette vérité s'empare aujourd'hui, de plus en plus, de la pensée biologique. Elle nous apprend ce qu'est un organisme : pas seulement un homme, un animal, une plante, mais aussi la vie de toutes les plantes en union avec la terre et en associations végétales déterminées avec les autres plantes, les animaux et l'homme. Tout l'espace vital d'un peuple, d'un continent, évolue selon la même loi de subordination des facteurs. Si l'un des facteurs est troublé, il en résulte un trouble pour tout le système. Et comme il s'agit d'un état variable, labile, tendu, une petite modification peut entraîner, avec le temps, de grandes conséquences.
Ces trois lois fondamentales de la vie nous amènent à la notion de « faculté de performance » de l'organisme. Dans la technique, on parle de coefficients de sécurité et d'élasticité. Une barre d'acier se rompt sous un certain effort, elle perd son élasticité à une certaine tension. Tout matériau a ainsi son facteur spécifique de résistance, au-delà duquel on ne peut plus rien exiger de lui sans courir de grands risques. Aujourd'hui, on parle sans cesse d'accroître le rendement agricole grâce à la technique ; mais tout cela ne peut aller que jusqu'à une certaine limite, qui est la « faculté de performance » du substrat donné.»