Noir et Blanc

 

Sont les couleurs de la photographie choisie. Le noir n’est pas vraiment noir, le noir est sombre. Le blanc n’est pas vraiment dedans, il encadre. Le blanc entoure la construction de briques rouges. « Rouge? » alors que l’image est noire et blanche. Le regard retourne dans le cadre. L’homme passe la porte, scellée dans le mur de briques. Seul, l’Homme sort d’une maison ou d’un sous-sol. Difficile à percevoir. L’embrasure semble si sombre qu’on dirait du noir. Le regard paraît contradictoire car le noir devient l’idée générale. L’homme du Peuple comme on dit, qui dirige son pas, a le regard d’un général. Rivés sur l’objectif, ses yeux se fixent. Recouverte d’un couvre-chef, sa tête érige un plan de bataille. Que de sombre dans cette pénombre ! Foudroyée par deux éclairs lumineux, ma cornée s’entaille. La lumière si désirée jaillit là, dans ses yeux. L’Homme passe la porte, il sort du foncé comme amputé. Sa jambe, habillée d’un pantalon de velours noir, pose le pied qui lui est lié sur un sol, pavé de petits pavés. D’un pas décidé, il va passer dans une cour intérieure ou dans une rue. C’est dans la rue, peut-être, qu’il va porter sur son dos le panier d’osier, tenu, soutenu et retenu par deux mains fermées, enlacées, agrippées à une lanière de tissu, fixée et enserrée dans le tressage de l’osier. Le blanc ne s’étend pas seulement autour. Le haut de sa chemise que l’encolure de sa veste noire entoure brandit une bande blanche. L’Homme montre une peau mal rasée, condensé d’une ombre projetée ; ça la fiche mal pour un général. Son visage de forme arrondie, aux traits accueillants, commence à marquer les années. Ses oreilles, que son chapeau noir laisse voir dans le noir, s’éveillent, tendues vers la rue. Nul ne connaît sa bataille. Une chose est sûre, mon sang se rend : droyé*!

droyé » : vu dans le dictionnaire des visionnaires, « son intransitif du 4ee groupe, le groupe des imaginatifs, qui signifie « brassé » voire « broyé. »